D'une finesse remarquable, les détails de ces bronzes nous plongent dans l'univers fantasmé du Moyen-Âge vu par les Romantiques. Finement ciselés, ces deux guerriers au repos semblent tout droit sortis d'un âge épique, avec leurs casques, hache, étendard, bouclier, masse d'armes, etc. Adossés à de beaux arbres noueux, ils expriment une sobre fierté. Ce remarquable traitement emprunt de lyrisme, traduisant un regard passionné sur le Moyen-Âge, permet d'attribuer cette œuvre à Jean-François Gechter. L'artiste a déployé des trésors de savoir-faire en soignant le rendu des tissus ornés, des lourdes cotes de mailles, les surfaces lisses des lances ou des casques, et le modelé des visages rendus très expressifs.
Jean-François Théodore Gechter,
un important artiste « troubadour »
L'artiste produira cependant toujours de petits groupes présentant des personnages aux costumes élaborés, parfois anachroniques et fantaisistes, mais représentatifs du goût troubadour qui le passionnait. Les petits bronzes de Gechter connaissent une « grande vogue » sous la Monarchie de Juillet, selon l'aveu de ses contemporains. L'Annuaire biographique des artistes français loue « les détails (…) aussi habilement modelés que les personnages » (Guyot de Fère, 1841). De nombreux musées détiennent des exemplaires de ces bronzes. Citons encore le Chevallier d'Ailly du Château de Pau, et François Ier à la chasse du Château de Blois.
Ses sculptures ont fait l'objet de plusieurs éditions mais il semble que Gechter ait également ouvert son propre atelier de fonte. À partir de 1841, il apparaît dans l'Annuaire du Commerce en tant que bronzier et fondeur-statuaire. Il aurait donc lui-même fabriqué et signé les moules nécessaires à la fonte au sable. Il semble alors qu'il aurait organisé seul la fonte et la vente de ses modèles en les déposant dans des galeries de Paris, Londres, Berlin ou Dresde.