Titre gravé sur la base : « Le rêve d’Armide »
Signature au dos du bouclier : « am. Barré »
Marbre Statuaire de Carrare
Le plâtre fut exposé pour la première fois au Salon de 1873, puis la statue en marbre fut exposée au Salon de 1875 et à l’Exposition Universelle de 1878 à Paris.
H. : 86 cm ; L. : 197 cm ; P. : 76 cm
Jean-Honoré Fragonard,
Renaud dans les jardins d'Armide,
huile sur toile, vers 1763, Musée du Louvre.
La main de la jeune femme tient légèrement l’épée, comme si, malgré son sommeil, elle s’assurait que le jeune guerrier ne puisse reprendre ses armes et reste avec elle. Ses yeux légèrement ouverts peuvent également laisser penser qu’elle regarde son amant. Sa position lascive suggère un certain érotisme. Les roses et le lierre sur lesquels repose le corps de la jeune femme indiquent que la scène a lieu dans ses jardins.
Le titre de l’œuvre est gravé sur un côté du socle dans une écriture rappelant la calligraphie médiévale et ainsi l’époque à laquelle est censé se dérouler le récit.
Au Salon de 1873 ayant lieu au Palais des Champs-Elysées, Amand Barré expose, au n° 1507, un plâtre d’une statue nommée Le Rêve d’Armide.
Pour la même année, les Archives Nationales conservent un document concernant une demande ou une attribution de marbre ou d'atelier, ce qui est probablement chose faite puisque la statue en marbre du Rêve d’Armide est exposée lors du Salon de 1875.
« Le Rêve d’Armide » à l’Exposition Universelle de 1878 à Paris
L’ouvrage Les Beaux-Arts à l’Exposition Universelle de 1878 écrit par Duval mentionne au « N° 1082, le Rêve d’Armide, voluptueuse étude largement traitée par M. Barré ». Une photographie ancienne de la Galerie des Beaux-Arts de l’Exposition Universelle de 1878 que nous avons pu retrouver nous laisse largement apercevoir cette sculpture en bonne place dans le Palais du Trocadéro.
Ce Rêve d’Armide est ainsi une redécouverte majeure, autant pour l’Histoire de l’Art du XIXè siècle, que pour la connaissance des œuvres présentées lors des Expositions Universelles et pour la postérité de Amand Barré, sculpteur injustement méconnu.
Il est pourtant tout à fait vrai que Amand Barré, avec cette Armide, s’inscrit dans un courant caractéristique de son époque. En effet, cette sculpture rappele le goût des artistes du XIXème pour le nu féminin et surtout, la représentation érotique de la femme en sculpture.
En 1847, Auguste Clésinger inaugure ce mouvement artistique en sculpture avec sa Femme piquée par un serpent, sculpture grandeur nature qui provoque un scandale lors de sa présentation au Salon.
De la même manière, notre statue éveille un sentiment de sensualité grâce au rendu très charnel du corps d’Armide et sa pose langoureuse.