Leur longue chevelure dénouée et leur intimité simplement dissimulée par un fin drapé ou par une branche feuillagée, ces déesses du charme et de la beauté adoptent un léger déhanché tandis qu’une cascade de fleurs se déploie entre les trois femmes.
Cette œuvre toute en courbes pousse le spectateur à l’observer sous différents angles afin d’en admirer toutes les subtilités. Placées dans le parc ou le jardin d’une belle demeure, ces somptueuses sculptures anciennes déploient leur grâce et leurs qualités d’art statuaire.
« L’évènement lui ayant valu une verte semonce – car ses parents avaient d’autres vues sur lui, - il s’enfuit de nouveau de la maison paternelle et s’exila, cette fois, au parc Monceau, où, sous la protection de ses deux parrains, Alexandre Dumas fils et le général Février, qui l’adoraient, il a su se faire en quelques années un atelier que fréquentent aujourd’hui toutes les élégances parisiennes. » (in Le Figaro, mardi 5 avril 1898).
Alphonse-Emmanuel Moncel, "Le Lierre",
statue en marbre commandée par l’État pour le Musée Galliera, présentée au Salon de 1895.
C’est ainsi que l’État lui commande, pour le Musée Galliera, un marbre de son œuvre intitulée « Le Lierre » qui est présenté au Salon de 1895. Pour cette œuvre, Alphonse Moncel est récompensé par une bourse de voyage et une médaille de 2ème classe.
A vingt-cinq ans, remportait avec son « Lierre », dont la maquette est au Salon du Figaro, le grand prix du Salon. A déjà fait une cinquantaine d’œuvres – dont quelques chefs -d’œuvre – qui résumeraient avec honneur toute une vie d’artiste, et pourtant est à peine âgé de trente ans. Signe particulier : A la manie, à ses heures de loisir, d’arrêter les chevaux emportés et de sauver les gens, de sorte qu’il a gagné presque autant de médailles dans la rue qu’au Salon, ce qui n’est pas peu dire ».
(in Le Figaro, mardi 5 avril 1898).Alors qu’il participe au décor sculpté du Petit Palais construit à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900, en réalisant deux hauts-reliefs (Vénus côté Champs-Élysées et Junon côté Seine), il contribue à l’Exposition de Hanoï en 1902 ce qui lui vaut d’être décoré de la Légion d’Honneur, au grade de chevalier.
En juillet 1903, les colonnes du Figaro rapportent :
« S. A. I. le prince Louis Napoléon, qui est venu plusieurs fois à Paris depuis le commencement du congé qu’il passe auprès de sa tante la princesse Mathilde, s’est rendu à l’atelier du sculpteur Alphonse Moncel.
L’éminent artiste, qui avait déjà fait une médaille à l’effigie du prince, a commencé un buste de lui qu’il espère pouvoir terminer pour le Salon prochain. » Le-dit buste sera exposé au Salon de 1906.
En 1907, il obtient une commande d’envergure de la part de la Ville de Paris et de l’État, la réalisation d’un bas-relief monumental en marbre à la mémoire d’Alfred de Musset où il représente le poète contemplant ses principales œuvres La Nuit de Mai, Le Rhin allemand, Namouna…. Intitulé « Le rêve du poète », l’œuvre est installée dans le jardin de la place du Canada en 1910, où elle est toujours.
Alphonse Moncel poursuivra sa carrière prolifique jusqu’à un âge avancé, continuant à exposer à chaque Salon jusque dans les années 1920. Malgré les évènements, les années 1910 sont fécondes pour le sculpteur puisqu’il compose quelques sculptures d’envergure comme la statue en bronze du Général Dumas, commandée par Alexandre Dumas fils afin d’orner la place dite « des trois Dumas », aujourd’hui place Malesherbes (la statue fut fondue par le régime de Vichy en 1942).
À la suite de la Grande Guerre, et pour des raisons qui restent à élucider, le sculpteur est adopté en 1918 par Guillaume de Perrin et change alors son nom patronymique pour Comte de Perrin de Cabrilles Labrassaguier, devenant Alphonse-Emmanuel Moncel de Perrin pour le communauté artistique.
Avec une belle carrière à son actif, Alphonse Moncel réalise la paire de sculptures aux Trois Grâces que nous présentons ici.
Datées de 1909, elles sont réalisées à la suite de son œuvre monumentale dédiée à Alfred de Musset, chef-d’œuvre ornant aujourd’hui encore les rues de Paris.
Il s’agit très probablement d’une commande particulière provenant du propriétaire du château de la région parisienne où ces sculptures ont été redécouvertes.